[Ordra V] Une affiche collée dans la nuit

*** Une ombre se faufile doucement le long des remparts. D'un bon prodigieux, elle passe le mur d'enceinte et s'arrête devant la double porte en bois. ***

Splash, splish, splotch

Dégoulinante de solution collante, une affiche illustrée de pictogrammes héraldiques orne désormais le passage principal. A première vue, il s'agit d'un récit. Peut-être une page arrachée à une gazette récente...
En approchant de plus près dans les premiers rayons de soleil, on peut lire la chose suivante :

La taverne s’était tue tout à l’heure, en écoutant le soulard s’exprimer ainsi. La question du seigneur avait surpris tous les clients de l’endroit, et à présent, tous avaient les oreilles aux aguets. Ils étaient des vétérans, revenus de toutes les campagnes, mais aucun n’était assez vieux pour avoir connu le tout premier.

« Faut s’imaginer, seigneur, qu’à l’époque, on n'était pas forcément des plus raffinés. Les ordres étaient là, assez bourrins, en fait. Pas fins les dirigeants. Mais proches de leurs gens. Il aurait fallu que vous les voyiez. Les gonfanons glorieux des ordres qui sont tombés… Il se tait pour replonger dans son souvenir. Laissez-moi ranger ça un instant, s’il vous plaît. Ma mémoire est imparfaite, ce temps-là n’est plus qu’une rumeur au fond de mon esprit. »

Le feu crépite longuement dans la cheminée. Les conversations reprennent leur rythme. Netzah est un vieux fou. Pas quelqu’un digne de confiance. Pourtant, des rumeurs disaient qu’à une époque il avait su manier l’épée mieux que quiconque. Qu’il avait été même capable de survivre à Certadhil. Peu pouvaient en dire autant.

« Les rangs étaient soudés. Les hommes avaient peur, de chaque côté. C’était la fin du premier Ordradhil, voyez-vous ? Il ne restait plus qu’en lice le seigneur Lycco, de la Guilde des Gardiens, MickT, qui défendait les couleurs d’un ordre qui n’était pas la chimère à l’époque, et Ristournel aussi, si mes souvenirs sont bons. En tout cas un Lumineux…. »

… Les hommes s’encourageaient avec des cris de rage et de haine. En face, d’autres faisaient la même chose. J’avais mon épée dans ma main gauche, mon bouclier sur le bras droit. Paladin, mercenaire oui… Mon armure ne tenait plus que par des ficelles miraculeusement nouées les unes aux autres. Nous étions tous dans un état lamentable, à chaque nuit recommencer les assauts. La stratégie du lumineux était lumineuse : tandis que les deux autres s’épuisaient, il attendait, attendait. Et nous [Marchands : mdp : Caravanes.] épuisions. Le fracas des armes étaient terrible, horrifiant. Nous avions beau être endurcis au point d’en pouvoir, à l’époque, tuer père et mère pour sauver nos vies, nous commencions à être lassés de la guerre. De toutes les façons, elle allait bientôt se terminer par la victoire de la Lumière…